Archive | août, 2010
21/08/2010

Mongolie: nature et découvertes

Mongolie: nature et découvertes

Ceux d’entre vous qui me connaissent bien savent que depuis des années je ne jure habituellement que par les paysages argentins pour louer leur beauté et leur diversité. Oui mais voilà, la Mongolie vient de changer la donne de la première place.

Avant d’enchaîner sur la Mongolie, un bref paragraphe sur mes 10 jours supplémentaires passés en Russie depuis la rédaction de mon dernier article, successivement dans les villes d’Irkoutsk (proche du Lac Baïkal) et de Ulan Ude.
Une parenthèse sur cette dernière ville que j’ai bien aimé pour sa quiétude:
– tous les Russes ici sont typés asiatiques, on se sent déjà en Mongolie.
– on y trouve la plus grande sculpture au monde de la tête de Lénine,  environ 8m de hauteur (ça vous en bouche un coin hein ? 🙂 )
– La ville était interdite de visite aux étrangers jusqu’à 1991.

Départ d’Ulan Ude pour Oulan Bator via le Transsmongolien, en compagnie de Milesia et Walter, mes 2 joyeux comparses italiens . La durée du voyage est de 24h seulement;  à noter qu’avant mon départ en tour du monde, ce détail m’aurait semblé insurmontable, il me parait maintenant absolument insignifiant.

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Cette Mongolie que j’entrevois à travers les vitres plus ou moins propres de mon train me fait sourire; m’arracher un sourire au pied du lit à 6h du matin n’est pourtant pas un mince exploit. Pourquoi ce sourire me direz-vous ? C’est tout simplement la présence des « yourtes » ou « gher » qui me font penser à des champignons poussant de manière éparse dans une prairie sans fin.
Ces habitations traditionnelles mongoles que vous avez déjà probablement vu dans un reportage TV ou dans un magazine sont en fait une sorte de tente ronde, composée d’armatures en bois peint de motifs divers, lesquelles sont recouvertes de peaux diverses pour isoler du froid, puis d’une toile imperméable contre les intempéries. Les nomades ont l’habitude de la démonter (en 2h) lorsque le lieu n’est plus propice à l’élevage pour aller s’installer ailleurs.

Faisons bref sur la capitale, Oulan Bator: c’est moche, les bâtiments y poussent de manière anarchique et sans aucun style, c’est sale, c’est bourré de pickpockets. A ce propos, marchant dans la rue, j’étais en train de raconter à deux écossais et un péruvien que j’avais déjà rencontré 7 voyageurs victimes de pickpockets ici, l’un d’eux a alors vérifié ses poches….vides. Et de 8 ! 🙂
Le plus drôle c’est qu’en cherchant le commissariat pour porter plainte, le péruvien s’est également fait voler une banane (le fruit, pas le sac) qu’il avait dans sa poche, alors que nous étions plus que jamais sur nos gardes ! C’est tout simplement incroyable.
Mais Oulan Bator est LE point de départ incontournable pour visiter la Mongolie, tout simplement car c’est le seul centre nerveux du pays, la seule ville avec des infrastructures que je qualifierai de potables.

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Une (longue) anecdote : prévoyant de me rendre en Chine par la suite, je décide d’aller faire ma demande de visa à l’ambassade de Chine à Oulan Bator. Celle-ci ouvre à 9h30 le lendemain de mon arrivée: je m’y pointe à 9h en compagnie de Serra, néerlandaise rencontrée dans mon auberge de jeunesse. Et c’est là que notre chemin de croix commence: les mongoles, experts dans l’art de se faire de nouveaux amis dans les files d’attente nous passent devant sans sourciller. Dur de gueuler, ils ne comprennent pas l’anglais, vous ne parlez pas mongole et de toute façon ils s’en foutent.
Après 2h à piétiner pour avancer de quelques mètres seulement en compagnie de deux autres français rencontrés plus tôt, 2 mamies françaises arrivent et nous demandent si elles peuvent « s’incruster » dans la file d’attente avec nous. Sans hésiter nous répondons que « oui », les mongoles s’y employant de toute façon depuis des heures.
Et là : tôlée générale ! Tous les mongoles hurlent au scandale et s’en vont chercher le garde qui cherche à nous virer.  Je vois rouge; pas content du tout Mathieu: je ne veux pas bouger, il me pousse, je lui rends la politesse, il me parle de manière peu aimable, je lui parle de sa maman, il m’appuie sa matraque sur la gorge, ca s’échauffe un peu sans trop dégénérer. Toujours est-il qu’on est tous virés juste devant la porte d’entrée de l’ambassade, sauf les 2 mamies françaises qui pleurent à grosses larmes vue la tournure des évènements. Elles proposent de nous payer pour nous dédommager, ce que nous refusons bien sûr.

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Bref, me voilà dans la panade: moi qui prévoyais d’obtenir le visa avant mon départ pour le désert mongole, ceci afin de retrouver 2 amis à Beijing….raté. De toute façon, il va falloir que je me fasse oublier par le garde. Donc départ pour le désert, je verrai après !

Je passerai au total 10 jours dans le désert de Gobi et le centre du pays; je voyage toujours en compagnie de mes inséparables Milesia et Walter, de Mirko (italien) et Kaï Li sa fiancée (malaysienne), de Serra la néerlandaise venue avec moi au consulat. Nous louons pour 30€/jour/pers tout compris (bouffe, logement, mini-van russe, essence, chevaux, chameaux etc…) les services d’un chauffeur et d’une guide parlant anglais, indispensable pour vraiment communiquer avec les nomades.
Précision: il n’y a pas de routes en Mongolie, sauf vers Oulan Bator. En 10 jours, pas UNE SEULE route goudronnée, la vitesse de croisière avoisine les 40km/h seulement.

Venons en au principal : les paysages. Sublimes. Je vous épargne les superlatifs, je pourrais vous en pondre des pages que je n’arriverais pas à décrire leur beauté. Je suis convaincu que je viens de voir les plus beaux paysages qu’il me sera donné de voir durant l’intégralité de mon voyage. Je vous laisse contempler les photos qui valent mieux que des mots dans ce cas là.

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Ce tour est tout simplement génial car l’hébergement n’est pas prévu à l’avance, laissant ainsi place à l’imprévu et à la spontanéité, ce qui s’accorde parfaitement à l’immensité du pays.
Nous passerons 10 jours à dormir sous yourtes, chez l’habitant, qui assez souvent en possède une pour de potentiels visiteurs. Les nomades sont plus que modestes, voire miséreux. Tous vivent de l’élevage de chameaux, de chèvres et de moutons. La nuit déjà incluse dans notre prix coute environ 2€/personne, c’est dire.

La douche n’existe pas ou peu dans le désert, elle constitue un luxe qu’ils ne peuvent s‘offrir, l’eau étant rare. En riches européens, nous réussirons toutefois et moyennant finance à en prendre 3 en 10 jours…enfin 2, l’autre étant un filet d’eau froide.

Concernant les repas : c’est bon mais pas varié. Dix jours à base d’oignons, de poivrons, de patates, de farine mélangée avec de l’eau pour faire de la pâte, de chèvre et de chameau. Bref, je ne suis pas prêt de manger de la chèvre à nouveau, j’ai eu ma dose pour les 5 prochaines années (ceci est un message à peine subliminal pour maman).

M’enfin, j’ai gouté du fromage bizarre, bu du lait de chameau, du lait de jument….le tout sans avoir la tourista. Pas peu fier de vous le dire ! A ce propos: pas de WC non plus dans le désert bien entendu, si ce n’est d’immenses trous surmontés de 2 planches de bois pour les pieds, ou l‘étendue à perte de vue: personnellement je m’en amusais, ce qui n’étais pas le cas des moins baroudeurs d’entre nous. Mais ça aura eu le mérite debeaucoup nous faire rire ! 🙂

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Il fait chaud (sauf la nuit ou il fait carrément froid) et à l’instar de tous, je suis toujours impressionné par les paysages, coupables quotidiens de très longues minutes de silence dans notre groupe, pourtant constitué de gais lurons.
Les animaux précités sont partout, en troupeaux de tailles variables, tantôt en plein désert, tantôt sur le flanc d’une montagne sortie d’on ne sait trop où.

Quelques crevaisons plus tard, après avoir rencontré quelques milliers de chèvres peu pressées de s’écarter de notre chemin, quelques bambins aussi charmants que crasseux et dont les visages sont déjà marqués par de dures conditions de vie: retour un jeudi soir à Oulan Bator, bien décidé à retenter ma chance pour le visa.

Histoire d’être sûr de l’obtenir, nous décidons avec Serra et un autre français d’être présents à 7h du mat. Alors que je m’apprête à me coucher vers 1h30, un français sur la route depuis 2 ans déjà nous apprend que devant l’affluence des demandes, les règles du jeu ont changé: l’ambassade délivre 40 tickets (donnant droit à 40 visas) par jour , aux 40 premiers prétendants; Il a tenté l’expérience 3 fois, dont la dernière en y allant à 4h30 du matin : en vain, trop de monde !

Raté pour la nuit de sommeil…à 3h du mat, nous sommes assis devant l’ambassade, les premiers. Enfin ça, c’est-ce que l’on croyait. Deux minutes plus tard, 60 étudiants mongoles traversent la route et braquent des lampes de poches sur nous. Ca surprend et ça effraye presque. Certain parlent anglais et nous expliquent qu’ils tentent d’organiser une liste non-officielle, par ordre d’arrivée, pour éviter la cohue et les bagarres des derniers jours. Certain d’entre eux retentent pour la 4e fois, les premiers sont là depuis 23h !Ayant pris note de la dernière fois, j’estime qu’il vaut mieux être avec les mongoles que contre eux, j’inscris mon nom sur la feuille et encourage mes comparses à faire de même. De toute façon à 3 contre 60, nos chances me semblaient un peu minces.

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Expérience sympa que cette liste: la police ne voulant pas que nous restions devant l’ambassade, nous retraversons la route. Une étudiante mongole, leader, gère la liste: elle procède à l’appel toutes les heures. Ceux qui ne répondent pas sont rayés. Au départ j’étais 61e sur la liste…or 40 tickets. Mais je suis décidé à attendre, ayant déjà payé un billet d’avion pour Pékin. Il ne fait pas plus de 5°C dehors, et même très couvert, c’est dur de tenir sans sommeil. Après 3h d’attente et le forfait de plusieurs prétendants, je suis 43e sur la liste, composée d‘environ 100 personnes à ce moment là.
Nous formons une file, dans l’ordre d’appel et commençons notre queue devant l’ambassade, tolérés par la police. Deux mongoles n’ont pas voulu jouer le jeu de la liste et résistent aux invectives, voire aux coups, depuis quelques heures, prétendant être les premières. Devant une montée de colère collective, la police les virera: il vaut mieux en virer 2 et satisfaire la foule que l‘inverse.

A 9h du matin, soit 6h d’attente dans le froid: une employée sort et distribue 40 tickets aux premiers. Je suis toujours 43e, mais certains sont en couple et l’employée leur attribue un numéro pour deux…quelle chance ! Je me retrouve 40e !!! Tous les gens devant étant mongoles, l’employée remarque que nous sommes les seuls étrangers à ce stade de la compétition et elle nous attribue le numéro 40 à tous les trois !! La foule pousse, c’est la cohue, il y a environ 200 personnes dehors. Mais j’ai mon ticket. Le groupe des signataires est discipliné, nous traduit les ordres de la police quand besoin est, nous aide à éviter les inévitables grugeurs de file. 3h après, soit au total 9h après être arrivés à l’ambassade, nous pénétrons dans l’enceinte, tout se passe bien et nous obtenons notre bon pour venir retirer notre visa lundi matin. Ca tombe bien dis donc, parce que mon vol est lundi soir !

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Bref… cette expérience me fait sourire maintenant, ça fait une belle histoire à raconter, mais je peux vous assurer que sur le coup, c’est dur de tenir. Je voulais simplement rentrer en Chine, pas aller sur la lune. Un européen n’est en principe jamais confronté à ce type de difficultés qui sont pourtant habituelles pour des « tiers-mondistes » à la recherche d’un avenir meilleur (et utopique?), attirés par l’Eldorado européen ou le rêve américain. J’ai pu entrapercevoir et imaginer une partie de la frustration éprouvée chaque jour par ces malheureux en vue d’obtenir d’improbables visas délivrés aux comptes gouttes. Je hais les visas.

Lundi : direction Beijing (Pékin) sauf retournement de situation ! J’y verrai Thomas, mon meilleur ami, landais et colocataire parisien ces 4 années, avec Sylvia sa petite amie. Nous devrions si tout va bien passer quelques jours ensemble, avant que je reprenne ma route en solo !

Dernière précision: je ne sais pas si vous aimerez les photos autant que moi, mais si tel est le cas, sachez qu’aucune d’entre elles n’a été retouchée (je parle des ciels notamment).

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01/08/2010

Russie: Moscou – Irkoutsk en Transsibérien

Russie: Moscou – Irkoutsk en Transsibérien

Je ne m’attendais pas particulièrement à apprécier Moscou, je me suis mis le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Autant Saint-Pétersbourg que j’ai si souvent fréquenté est essentiellement orienté « Europe » de part ses influences, son histoire et son tourisme, autant Moscou est un immense mélange du genre humain: ou que se pose votre regard, vous ne pourrez que remarquer la forte proportion de russes aux yeux bridés, venus des confins du pays.

MOSCOU

Moscou représente la porte de l’Eurasie, une transition tranquille et douce entre Europe et Asie opérée via le célèbre Transsibérien.

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La vie à Moscou est chère, tant pour son immobilier (ville la plus chère du monde devant New-York) que pour son niveau de vie moyen. Pour ma part, j’ai opté pour l’auberge de jeunesse: une chambre partagée avec deux suédois, un psychopathe camerounais, trois australiens, une japonaise, un serbe et un mexicain en la personne d’Enrique avec qui je passerai pas mal de temps, trop heureux de passer de l’anglais à l’espagnol pour une fois. Après avoir bien (trop) profité de la nuit moscovite en compagnie de mon ami mexicain et de 2 allemandes travaillant à l’auberge de jeunesse depuis quelques mois, je pars à la découverte de cette mégalopole chargée d’histoire. Pour ce faire, je serai assisté par Katerina, rencontrée via couchsurfing, adorable et infatigable poupée russe de 19 ans (j’insiste sur l’âge, ça évitera les commentaires vaseux 🙂 ). En sa compagnie, je parcourrai Moscou à raison d’environ 5h de marche par jour, sous des températures comprises entre 35°C et 44°C !

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Je ne m’étendrai pas sur les merveilles de cette ville, trop nombreuses pour être citées en quelques lignes. Toutefois, je ne peux m’empêcher de souligner la beauté de la Place Rouge de nuit, c’est à tomber le cul par terre. Dans un autre registre, j’ai été subjugué par le mausolée de Lénine: je trouve absolument fascinant de pouvoir contempler l’Histoire avec un « H », ce personnage (controversé et controversable) que nous connaissons tous via nos livres d’histoire et qui était là sous mes yeux, dans une ambiance étrange, un silence religieux et des militaires en costumes d’apparats. Enfin, je vous passe le côté impressionnant des sept bâtiments staliniens disséminés de ci de là dans Moscou, de ses nombreux monastères, stations de métro grandioses et j’en passe …

Pour conclure, j’aurais pu vous pondre sans aucun soucis un pavé sur Moscou, vantant les mérites et la diversité de cette ville tout autant que l’absence de sourires et le côté bourru de ses habitants (à l’exception de ceux rencontrés via couchsurfing). Mais je me DOIS de vous parler du Transsibérien, étape majeure de mon voyage.

TRANSSIBERIEN
Mon rêve était de faire un tour du monde; l’un de mes rêves dans ce rêve était le Transsibérien. Le voilà sur le point de se réaliser.
Mon but est de rallier la Mongolie; je dois donc aller de Moscou jusqu’à Irkoutsk (Sibérie), soit 5200 kms « seulement » sur les 9288 kms que comporte la totalité de la plus grande ligne ferroviaire du monde, s’étendant jusqu’à Vladivostok.
Regardez vous-même le parcours de mon voyage, j’ai fait presque autant de chemin en 4 jours qu’en 3,5 mois !

Pour acheter les billets au meilleur prix et éviter de passer par une agence comme le font quasi tous les voyageurs, il faut aller soit même à la gare. Inutile de vous dire que sans Katerina, je n’y serai jamais arrivé, le personnel ne parlant que russe.

Quelques chiffres comme j’aime à le faire de temps en temps :
– 5200 kms: Moscou – Irkutsk
– 87h de trajet, soit 4 jours de voyage environ (j’ai vraiment des rêves à la con)
– 250€ le prix du billet en 2e classe (le train en comporte trois)
– 79 arrêts allant de 1 à 35 minutes.
– 5 changements de fuseau horaire lors de ce trajet là.

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A l’idée de passer 87h confinées dans un compartiment de 4 personnes, je me maudissais, l’épreuve me paraissant insupportable. Non mais c’est vrai quoi, j’ai déjà du mal à supporter les 5h de Paris – Mont de Marsan, alors là …
Oh … autre détail d’importance tout de même: pas de douches pendant 4 jours bien évidemment. Sympa par 40°C, non ? 🙂

Après m’être fait quelques frayeurs pour trouver la bonne gare (heureusement j’étais parti en avance et un garde sympa m’a filé un coup de pouce), je monte dans le train. Auparavant, coup d’œil rapide pour juger de la composition de mon wagon: que des russes, sauf un couple de touristes. Marrant de voir à quel point il est facile de distinguer les uns des autres  🙂

Alors certes, j’aurais aimé partager mon compartiment avec 3 des si nombreuses créatures de rêve vivant ici, mais me doutant bien du caractère improbable de la chose, mes prières était plutôt orientées à l’inverse: pourvu que je n’ai pas trois russes bien lourds et bien bourrés (l’un allant généralement de paire avec l’autre) à me supporter pendant 4 jours. Non pas que cela me dérange outre mesure, mais ce que j’aime par-dessus tout c’est échanger avec les locaux; or par expérience, il est difficile d’échanger autre chose que des « santé » et des « Nazdrovie » dans ces conditions.

Pour la composition du wagon: j’aurai tout le long du voyage un grand père sympa ainsi que son petit fils, 10 ans, à qui je servirai de professeur de français et d’espagnol. La dernière couche sera successivement utilisée par une gamine muette, une blonde …blonde, un pompier avoisinant les 110 kgs, une mamie avec son petit fils.
Ma couchette est située à 2m de hauteur et d’emblée de jeu, je détruis que dis-je, j’explose à grand fracas, le harnais de sécurité destiné à m’empêchant de me rompre le cou lors d’un éventuelle chute nocturne. Quelle vie risquée j’ai hein ? 🙂

Le harnais rompu, j’engage la discussion avec le grand père aussi sympa que ronfleur, mais ça je le découvrirai plus tard. Toutefois du fait de la barrière du langage, la conversation n’est pas passionnante plus de 5 minutes.
Pour éviter un long moment de solitude, je pars à la recherche des deux touristes que j’ai aperçu en montant et qui dorment dans le même wagon que moi, à deux compartiments de là. Il s’agit d’un couple d’italiens, parfaitement bilingue français: le courant passe immédiatement, les blagues s’enchaînent, les éclats de rires sont francs. J’le sens bien ce voyage bordel !

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Ce voyage justement, figurait en bonne position sur ma « liste de vie » (j’y reviendrai plus tard), et je retire de ce Transsibérien une extraordinaire expérience de vie.
Je m’attendais à voir des paysages de rêve, et sur ce plan là je suis un peu déçu; certes c’est beau mais ça ne varie pas beaucoup, du moins pas jusqu’à Irkoutsk. Nous avons traversé l’Oural et la Sibérie, la Toundra et la Taïga, j’ai retrouvé les paysages vus/décrits dans le célèbre « Barbier de Sibérie » mais au final, ça n’est pas ce que je retiendrai du Transsibérien.

Non, ce qui restera comme le souvenir principal de ce trip, une fois de plus, c’est l’expérience humaine. Il est vraiment drôle d’observer le comportement des passagers et c’est encore plus passionnant d’en être parti prenant. Les voyageurs savent qu’ils sont ensemble pour 4 jours et qu’ils n’ont pas d’autre alternative que de communiquer, il n’est pas possible de s’éviter vu la promiscuité du lieu. Donc à moins de vouloir jouer la carpe pendant ces 4 jours, il est capital de parler rapidement, de nouer contact avec les autres. Et à ce petit jeu là: les européens sont les grands vainqueurs !

Passé les premières heures avec Walter et Mile (les italiens), nous commençons à essayer de parler avec quelques russes. Tous ceux qui nous ont parlé étaient persuadés que Walter, Mile et moi nous connaissions depuis des lustres vu la spontanéité de nos éclats de rire: c’est « anormal » d’un point de vue typiquement russe d’être si à l’aise avec quelqu’un que vous connaissez à peine. Toutefois, j’ai pu percevoir un peu d’envie voire de jalousie peut être à ce sujet. C’est juste que ça ne fait pas partie des codes ici ou alors que cela nécessite de s’abreuver généreusement avant.

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Nous avons au final discuté avec pas mal de russes, à grand renfort de gestes et d’anglais basique. Une petite fille parlant anglais, une adolescente parlant français, quelques russes baragouinant un peu tout, un chinois parlant un bon anglais également etc… tout ce beau monde se réunissait dans un joyeux bordel et ainsi passa la vie durant ces 4 agréables jours.

Vous saviez déjà qu’il n’y a pas de douches. Et la bouffe me direz-vous ? Ca c’est drôle. Effectivement, il y a un wagon restaurant mais c’est cher pour ce que c’est. Tout le monde fait donc le plein de vivres avant de partir, mais vous pouvez également acheter de quoi vous restaurer sur les quais, lorsque le train marque des arrêts de plus de 10 minutes et que vous pouvez descendre. Au passage, attention à ne pas trop s’éloigner: ici pas de sifflets, le train part, tant pis si vous êtes trop loin. A l’occasion de ces arrêts, le quai fourmille de vie, des gens de tous âges vendent des plats cuisinés, des salades composées, de la bouffe lyophilisée, des boissons en tout genre etc…

Pour ma part, j’avais emporté 3kgs de nourriture et 3 litres d’eau. Essentiellement des fruits, des gâteaux secs, des noodles (nouilles lyophilisées, nourriture essentielle à tout voyageur usant du transsibérien car par chères et ne nécessitant que de l’eau chaude, dispensée à volonté tout au long du voyage).
Très vite, tout le monde partage sa nourriture et change de compartiment pour partager un moment amical.

Petit détail qui à son importance:  les WC sont dégueulasses et la commission, indépendamment du fait qu’elle soit numéro 1 ou numéro 2 tombe directement sur les voies. C’est la raison pour laquelle les WC sont fermés par la provodnitsa (= gardien/ne présent dans chaque wagon pour veiller au confort relatif des passagers) un peu avant l’entrée en gare. Ca ferait désordre sinon, pendant que votre voisin achète de quoi se restaurer sur le quai à 1m de là, non ? 🙂

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Au final, je n’ai absolument pas trouvé ces 87h longues. Paradoxalement je crois que je trouverai toujours aussi insupportables ces 5h entre Paris et Mont de Marsan! J’ai adoré cette expérience de vie, dormir selon le lever/coucher du soleil; Il faut bien vous fier au soleil, car vous ne savez plus trop quelle heure il est, ni quel est votre référentiel. Toutes les gares de Russie sont à l’heure de Moscou, et pourtant vous changez 5 fois d’heure pendant ce trajet !! Perturbant 🙂

Bref, nous arrivons à Irkoutsk à 4h46 heure moscovite, 9h46 heure locale, la température est redevenue acceptable et nous nous séparons avec mes amis italiens. Provisoirement du moins: mon plan est de rester à Irkoutsk puis d’aller voir le Lac Baïkal pour 2 jours, le leur est d’aller sur l’île d’Oljon réputée pour sa beauté, également sur ce lac. Nous nous retrouverons si tout va bien la semaine prochaine, pour partir ensemble direction la Mongolie.

J’en ai donc fini avec le Transsibérien, mais nous emprunterons le Transmongolien – entre Irkutsk (Russie) et Oulan-Bator (Mongolie) – , qui est exactement le même train mise à part le changement de nom à la frontière. Il me tarde de voir ce lac puis de foncer en Mongolie, état connu pour la beauté de ses paysages.
Et vous n’imaginez pas combien j’ai hâte d’y être !!!

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