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17/01/2011

Perou: histoire de famille

Perou: histoire de famille

Il y a bientôt 2 ans, alors que j’envisageais mon tour du monde et réfléchissais aux conséquences, 3 évènements me paraissaient immanquables: les 102 ans de ma grand-mère, les traditionnelles fêtes de la madeleine avec mes amis, noël en famille. Si je devais me résigner à faire l’impasse sur les 2 premiers, je pouvais remédier au dernier en proposant des retrouvailles à ma famille à l’occasion des fêtes de noël. L’idée avait été adoptée dès le départ; j’ai donc retrouvé mes proches à Lima , capitale péruvienne, après quasi 10 mois de voyage.

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Je considère que je n’ai pas de chance de faire ce voyage car je me le suis gagné, j’ai longtemps économisé pour, j’ai tout laissé tomber pour le réaliser, je n’ai aucun bien matériel si ce n’est le contenu de mon sac à dos. A l’inverse, je réalise que j’ai énormément de chance d’avoir pu voir toute ma famille à l’autre bout du monde, ça n’est pas donné à tous, mes parents et l’une de mes sœurs arrivant de France, l’autre d’Australie ou elle travaillait.

Arrivé à Lima un jour avant tout ce beau monde, j’irai voir Paola (une amie de longue date) et sa famille qui m’inviteront à manger avant de me faire faire une petite visite de la capitale en voiture…et d’avoir un carton. Rien de bien méchant, sauf pour l’arrière de la bagnole. L’occasion également d’entrapercevoir l’incroyable niveau de corruption et d’incompétence de la police qui successivement ne s’arrêtera pas pour constater l’accident (se contentant de regarder comme de vulgaires badauds), nous accusera d’être en possession des papiers d’autrui, en l’occurrence ceux du taxi nous ayant rentré dedans et parti nous chercher un nouveau pare-choc, puis refusera de prendre notre déposition.

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Le lendemain, le moins que l’on puisse dire c’est que je suis heureux de voir ma famille. De Lima, nous ne verrons que peu de choses étant hébergés dans un quartier aisé, et pas forcément révélateur du Lima populaire. Mais c’est quand même la première fois que nous voyons le Pacifique (sauf pour Hélène) et c’est bien beau vu du haut des falaises! Rajoutez à ça une excellente gastronomie (j’insiste sur ce point!), un musée d’enfer, mélangez le tout, et vous obtenez un début de vacances familiale hors du commun!

Je suis pressé d’initier toute ma famille aux joies des longs trajets en bus, si communs en Amérique du Sud: ils sont grands, les sièges sont confortables, le service à bord est inclus, la TV quand ça marche, les toilettes (ou l’on ne peut faire que pipi, pour faire la commission lourde faut demander au chauffeur de s’arrêter 🙂 ). Nous partons donc pour 17h de bus, direction Arequipa, la ville blanche, à 2300m d‘altitude. Le but est double : visiter cette ville qui apparemment vaut le détour sans être exceptionnelle toutefois, mais également faire une halte pour éviter le mal d’altitude lors de notre prochaine étape.

Nous commencerons par  le couvent de Santa Catalina, très beau et dont l’enceinte au cœur de la ville est pour le moins imposante. Par la suite, nous flânerons un peu partout sur Aréquipa, l’atmosphère y étant vraiment apaisante, on se sent bien loin des tracas de Lima et de son ambiance de capitale. Dans toutes les rues, on peut voir ces femmes revêtues de ces beaux habits traditionnels aux couleurs vives qui caractérisent l’idée que nous nous faisons du Pérou, des étals de différentes variétés de pommes de terre que nous ne connaissons plus (n’avons jamais connu?), des gamins aux jolis visages et aux conditions de vie modestes, mais pas misérables…en apparence du moins.
Comme à chaque fin de paragraphe, et pour bien marquer les esprits, je vous répèterai que j’ai (nous avons) vraiment très très bien mangé et avons qui plus est été agréablement surpris de la qualité des vins servis.

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Pour la suite : ça se complique. Nous sommes en bus direction Puno, ville bordant le célébrissime lac Titicaca, 3800m d’altitude et prochaine étape de notre voyage. 15h de trajet, quand on aime on ne compte pas. Seulement voilà, tous autant que nous sommes, nous sommes tour à tour victimes de maux de tête et de nausées, symptômes qui ne trompent pas. Une question à laquelle je n’ai  toujours pas de réponse: si l’on ne peut pas « déposer le bilan » sans en faire la demande préalable au chauffeur, peut-on rendre tripes et boyaux sans autorisation de la dite autorité? Quoi qu’il en soit, certain des voyageurs également sujets au mal des hauteurs n’ont pas pris la peine de demander 🙂
La sorocho (mal d’altitude) vous donne l’impression que votre boite crânienne ne peut plus contenir un cerveau sans cesse grandissant, les douleurs sont difficilement soutenables. Ca n’est pas dangereux à ce stade là, juste horriblement chiant, douloureux et frustrant.
Nous perdrons une journée, à comater dans les lits de notre hôtel moisi avant que le remède local, ultra efficace, ne fasse effet.
Mon conseil pour ceux qui tenteraient la même aventure: prenez le médicament en préventif!

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Ayant une journée de moins, changement de programme: au lieu d’aller dormir chez l’habitant sur l’une des îles du lac, nous nous contenterons d’un aller/retour dans la journée sur l’île d’Uros. Il s’agit en fait d’îlots flottants artificiels, faits de hautes herbes séchées. J’aime beaucoup le principe: bien que pêcheurs à l’origine, ces ex-nomades vivent désormais du tourisme et ne dérivent plus au gré du vent sur leurs îles de paille. Toutefois, l’une des anecdotes que j’ai adoré: lors du mariage, les futurs époux unissent et attachent leurs îles pour en créer une plus grande, et si jamais il devait y avoir divorce, facile: on coupe l’île en deux avec une grande scie! C’est si simple le partage des biens ici.
La suite sur Puno, c’est visite des alentours, vraiment chouettes, je laisse les photos parler à ma place.

Troisième étape de notre voyage mais aussi la plus attendue : les incontournables Cuzco (ou nous passerons noël) et son Machu Picchu. Une fois encore, vous m’autoriserez bien un peu de vulgarité: Cuzco est blindée de touristes mais putain que cette ville est belle! Sillonner ces petites rues pavées avec pour seul guide votre envie de toutes les parcourir est un plaisir qui ne se boude pas. C’est un régal pour les pupilles, noël avant l’heure, tout ici sublime votre regard, nous sommes tous les cinq sous le charme.
Cerise sur le gâteau, pour les fêtes de noël, les populations des campagnes avoisinantes se sont données rendez-vous à Cuzco pour préparer (voire célébrer?) l’évènement. L’occasion de voir la condition modeste de ces gens, souvent miséreux pour le coup. Mon sentiment personnel est que, bien que vivant dans des conditions extrêmes, ils sont dignes et fiers: je n’ai pas souvenir d’avoir été une seule fois accosté par l’un d’entre eux avec une simple main tendue, sans chercher à vendre un petit grigri. De façon plus générale et pour ce que nous en avons vu, les péruviens ne rechignent pas à la besogne.

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Aller au Machu Picchu est relativement simple, mais ultra cher. Vous pouvez le tourner dans tous les sens pour essayer de réduire les coûts au minimum, ces salauds ont bien ficelé l’accès au paradis et vous devez à un moment ou à un autre passer à la caisse, que ce soit pour les transports, l’hébergement, la bouffe et le droit d’entrée si vous voulez en obtenir les clés. Les prix sont indécents voire prohibitifs.
Nous dormirons dans la ville d’Agua Calientes, au pied du Machu, histoire d’aborder celui-ci aux aurores; cette ville est étonnante, elle donne l’impression d’avoir poussé anarchiquement dans la jungle et l’on se sent tel un chercheur d’or venu faire fortune dans un lieu inhospitalier.

Lendemain matin, levé 4h45 dans l’espoir de faire partie des 400 premières personnes sur place, seules autorisées à escalader le Wayna Picchu (ce pic énorme que vous voyez surplomber le Machu Picchu sur les photos).
Arrivée en bus, et après quelques minutes d’escalade, c’est le frisson à la vue du lieu sacré.
Ce qui est génial au Machu, c’est que vous le découvrez dans son intégralité au détour d’un virage, alors que rien ne le laisser vraiment supposer; du coup la beauté du lieu vous assaillit d’un coup d’un seul.
J’éviterai l’emploi de superlatifs tant pour le Macchu que pour le Wayna Picchu, mais le cœur y est. Le lieu est tout simplement inoubliable et magique, dans un cadre enchanteur et le moment est encore plus marquant lorsque l’on y arrive avec sa famille après 10 mois de trip en solo.
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Nous serons bien dans les 400 et pourrons gravir le Wayna Picchu, pour pouvoir contempler de haut, de très haut le Saint Graal et ses vallées mythiques. Pour cette montée hors du commun, comptez une bonne heure pour les plus sportifs d’entre vous, l’escalade n’étant pas toujours facile facile. Mais le jeu en vaut la chandelle, surtout lorsque l’on peut déguster un petit foie gras au sommet que sa maman avait pris soin de porter dans sa besace pour l’occasion….miam 🙂

Le retour sur Lima sera plus court car en avion et nous y passerons une seule journée avant que chacun ne rentre au bercail ou ne reparte pour de nouveaux horizons. Cette fois-ci, il a été plutôt facile de dire au revoir, le retour en France étant (malheureusement) prévu pour dans moins de 3 mois, ce qui ne nécessite pas à mon sens d’interminables embrassades :). Le Pérou aura été une étape importante de mon voyage à bien des niveaux, tout d’abord familial, car cela faisait bien des années que l’on ne s’était pas retrouvés tous les cinq en vacances, et puis également parce que c’est ici que s’arrête mon voyage en solitaire, Hélène, ma sœur, m’accompagnant pour la fin de mon aventure en solo. J’en suis heureux…mais un peu nostalgique.

Une fois n’est pas coutume et avant de refermer ce chapitre: un état d’âme, ou plutôt un constat; depuis le Pérou, je recommence tout doucement à remettre les pieds sur terre (même si je ne me suis jamais envolé bien haut!) et à songer souvent à ce que va devenir ma vie dans quelques mois. Je ne suis pas sur d’aimer le résultat et je commence à mesurer à quel point le retour va être difficile. En fait, si je n’ai pas eu peur une seule seconde de tout lâcher pour partir, je crois bien que j’ai un peu peur de revenir pour tout reprendre…

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07/01/2011

Paraguay: en deux mots

Paraguay: en deux mots

Cet article sur le Paraguay sera vraiment court, non que le pays soit inintéressant, loin s’en faut, mais surtout parce que cette étape de mon parcours avait un but plus personnel qu’habituellement, ce qui de fait n’a pas grand chose à faire sur ce blog relatif au Voyage 🙂

En effet, je ne découvre pas vraiment le Paraguay, j’y avais déjà mis les pieds l’année dernière en solo et y avait notamment rencontré ma petite amie :). Le Paraguay était donc une étape aussi incontournable qu’attendue après quelques mois de vadrouille.

Voir toutes les photos du Paraguay (y’en a que 4 cette fois-ci ! 🙂 )

Le temps de deux semaines environ, j’ai donc mis entre parenthèses ma découverte de nouveaux horizons.

Ma connaissance du pays se limite essentiellement à Asunción, la capitale. Ce pays souffre d’un manque de notoriété flagrante et ne fait de toute façon pas partie des destinations à la mode. Une preuve parmi tant d’autres:  le Guide du Routard que l’on pourrait élever au rang d’Institution Nationale n’existe même pas pour le Paraguay.

Avant de refermer cette brève page, je ne peux m’empêcher de vous décrire, vu de mon perron, le Paraguay actuel: la violence est au moins aussi omniprésente que la corruption (police en tête), les gens ont tous peur les uns des autres, la méfiance est de mise à toute heure du jour et de la nuit. Charmant, non? On comprendra donc aisément le manque de touristes.

Chaque fois que vous demandez une carte des environs, on prend toujours bien soin de vous rayer une zone nommée « Chacarita » et l’on vous explique expressément qu’il ne faut pas y mettre le moindre orteil, sous peine de vous le faire couper et/ou de vous faire dépouiller.
Asunción est somme toute une petite capitale, son centre est charmant…de jour. La nuit, ceux que l’on appelle joliment les « piranhas » s’y baladent parfois et à en croire les locaux, il vaut mieux les éviter. Il s’agit de groupes d’enfants, chacun âgés d’une dizaine d’années et qui vous bastonnent avant de s’enfuir en tout sens. Rapides et efficaces, ils sont mineurs et ne risquent pas grand-chose. Heureusement pour nous, partout ou presque, des compagnies de sécurité privées sèment des plantons armés des fusils à pompe et autres joujoux du genre…

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Mais le Paraguay ça n’est pas que ça, c’est aussi l’authenticité, non pas au niveau textile ou tout n’est que contrefaçon, mais au niveau humain. Car ici voyez vous, il existe deux langues officielles: l’espagnol et le guarani, langue indigène encore parlée par la plupart des gens, qu’ils soient descendants des espagnols ou des peuplades locales.
Il y a une vingtaine d’année, le régime dictatorial de l’époque avait interdit l’apprentissage et l’utilisation du guarani. Visiblement raté et c’est tant mieux, car ça sonne joliment!

L’intérieur du pays est difficile d’accès et réservé à de vrais baroudeurs ou de vrais curieux, pas de sentiers tout faits, pas d‘industrie touristique. C’est un pays encore à découvrir, la preuve en est ces indiens qui il y a un an, étaient sortis des bois pour attaquer un engin mécanique débardant leur forêt; l’attaque avait comme il se doit eu lieu … à l’arc et aux lances.

Allez, je clos ici ce chapitre et vous donne rendez-vous très très vite pour un noël au Pérou!

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14/12/2010

Indonésie: sur les routes du Mérapi

Indonésie: sur les routes du Mérapi

A l’origine mon cœur penchait plutôt pour un baroude vers les Philippines, mais les caprices de Dame Nature et la hasard de l’actualité en ont décidé autrement avec l’éruption du volcan Mérapi en Indonésie, l’un des plus actifs et des plus meurtriers du monde.

En découvrant ce drame à la lecture de journaux sur internet, j’ai ressenti l’envie de mettre mon égoïsme de « tour du mondiste » de côté, couplé au besoin d’aller prêter main forte à des gens qui en avaient peut-être besoin. Rapide prise de contact sur Couchsurfing pour découvrir comment/où/quand je peux être utile, j’achète mon billet et hop, j’arrive à Jakarta, capitale de l’Indonésie.

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Jakarta: mégalopole de près de 10 millions d’habitants, délaissée (à juste titre?) par les touristes car possédant une réputation sulfureuse de violence et peu de choses à voir. Jakarta est surtout une ville de transit pour des touristes pressés d’aller se dorer la pilule à Bali. Le plus impressionnant ici: les embouteillages monstrueux, à tout heure du jour et de la nuit. Ajoutez à ça qu’il n’existe pas de transports en commun (sauf un réseau de bus miteux) et vous avez…. un beau bordel. Et une pollution hors norme.

C’est Ru qui m’accueillera à l’aéroport, cette génialissime demoiselle rencontrée sur CS sera mon équipière de voyage pendant près de 3 semaines, mais ça je ne le sais pas encore. A l’origine, nous avions seulement prévu de récolter du matériel sur Jakarta puis de les porter dans un camps de réfugié près du volcan.

Je vous passe le reste des détails sur Jakarta ou je resterai une semaine environ avec Ru, collectant de ci de là des masques pour se protéger des retombées volcaniques, du sucre, des produits hygiéniques pour ces dames, des médicaments etc…
Ce qui m’a tout de même étonné, c’est qu’ici aussi les gens me dévisagent. C’est quand même incroyable de se dire qu’à Bali les occidentaux affluent, à Jakarta, que dalle. Certes Bali n’est plus l’île de Java mais c’est pourtant encore le même pays. Je prends alors conscience de l’immensité de ce pays de 290 millions d’habitants et me dit qu’une fois de plus je ne ferai que survoler un pays énorme comptant pas moins de 18000 îles (dont 6000 habitées), de multiples peuplades avec autant de dialectes et de traditions.

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Départ de Jakarta avec Ru, 12h de train + bus plus tard, arrivée à Boyolali où se situe l’avant-poste depuis lequel nous distribuerons la nourriture, nous sommes à environ 16 kms du cratère. Là encore, aucun occidental ne vient ici en tant normal et encore moins actuellement; les autres volontaires de l’association me regardent donc d’un regard curieux, puis bienveillant et enfin malicieux. Une fois la gène mutuelle passée nous tentons de communiquer, le problème étant de savoir qui parle quoi: javanais, indonésien ou anglais pour certains jeunes. Heureusement Ru est là, elle m’aura été d’une aide infinie pour traduire et m’expliquer car avec elle, aucun problème de communication! 🙂

Les questions sont les mêmes qu’habituellement (pourquoi tu voyages? Tu es marié? Tu es riche pour voyager si longtemps? Quelle est ta religion?) mais certaines questions m’intéressent plus particulièrement « nous sommes tous musulmans ici tu sais, mais en France vous croyez que nous sommes des terroristes, n’est-ce-pas ? ». Petit rappel, si l’Islam est très largement dominant en Indonésie, le fait qu’ils soient modérés voire très modérés leur a également valu d’être la cible d’attentats meurtriers. Nous sommes donc dans le même panier, idée que je me charge en tout cas de véhiculer.

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Notre imaginaire collectif aurait tendance à se représenter l’éruption d’un volcan comme des coulées de lave dégoulinantes et projetées dans les airs. Mais le Mérapi est un volcan dit « gris», à l’origine de fumées toxiques et de cendres projetées à tout vent. Les alentours du Mérapi, c’est la vision d‘un monde post-apocalyptique ou tout n‘est que gris et poussière. Ayant déjà une centaine de morts à son actif avant mon arrivée, le volcan a transformé les populations locales des 15 kms l’avoisinant en réfugiés, environ 3000 dans le secteur ou je suis allé. Toutefois, même si le Mérapi continuait à cracher ses entrailles, la situation d’urgence extrême était passé lorsque j‘ai mis les pieds là bas, les familles vivant le plus loin du cratère commençaient à rentrer au bercail. Et tant mieux, le but n’était pas de jouer le héros.

Les volontaires sont jeunes pour la plupart et j’admire profondément l’organisation dont-ils font preuve, leur maturité et leur intelligence à gérer ces évènements. Pas d’aide gouvernementale, la nourriture vient directement des fermes avoisinantes, les fonds et autre donations de la solidarité environnante.
Le local de l’association qui nous accueille est une pièce d’environ 60m², nous mangeons et dormons sur des paillasses à même le sol. J’ai parfois l’impression que les réfugiés, c’est nous! Le confort est sommaire mais on s’en fout, la bonne ambiance compense très largement.
J’ai particulièrement aimé aller à la rencontre de ces familles et porter ces ballots de biens de première nécessité, mais j’ai surtout compris (enfin, on me l’a fait remarquer à plusieurs reprises) à quel point les gens étaient heureux de voir qu’un étranger, quel qu’il soit, se préoccupe d’eux. Le fait de ne pas se sentir oubliés du reste du monde leur faisait chaud au cœur, je n’avais pas pris conscience de cette dimension psychologique. Au final mon aide a été plus morale que physique, à grand coup de sourires et de photos.
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Pour clore le chapitre du volcan, j’ai carrément adoré notre escapade en moto, à 500m du cratère, un jour de « calme » . C’est là que j’ai pu contempler ce monde gris; je vous invite à regarder les photos pour en avoir un aperçu.

J’ai quitté Boyolali et ses volontaires à regret, plutôt ému. Une fois de plus, ces gens m’ont apporté bien plus que ce que je n’ai pu leur offrir en retour. Une gentillesse hors norme, une innocence qui nous fait parfois défaut, l’un des moments fort de mon voyage à n’en pas douter, l’un de ceux que je n’oublierai jamais.

Nous partons avec Ru dans l’idée de visiter un peu les alentours. Notre duo de choc (un blanc + une fille) est probablement la meilleure combinaison possible pour voyager en auto-stop, ce qui se vérifie immédiatement. L’auto-stop n’est pas vraiment dans les mœurs indonésiennes, mais nous irons loin et vite! J’aime ce pays. Les paysages y sont enchanteurs, je suis notamment subjugué par ces rizières en terrasses multi-centenaires: c’est tout simplement magnifique, difficile de s’arracher de leur contemplation, le vert y est si beau…

Petite anecdote révélatrice de la gentillesse locale: notre second jour d’auto-stop, nous cherchons à rejoindre Solo, ville de départ de notre train en partance pour Jakarta. Ru tend négligemment le pouce et hop, la première voiture s’arrête. Il s’agit d’un charmant couple vivant à Solo. Ca tombe bien. Franche rigolade dans la voiture même si je ne comprends pas tout. Au final, non seulement ces gens nous conduiront à bon port, mais nous offrirons également de prendre une douche ainsi qu’un repas chez eux, puis au … karaoké! D’un côté je trouve ça formidable d’en arriver là alors que nous faisions simplement du stop, d’un autre côté ce fut la pire expérience de mon voyage, mon niveau de chant pouvant être qualifié de pitoyable voire d’horrible. J’ai eu très très honte :).
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Mais l’Indonésie, c’est aussi le pays par excellence de cette eau turquoise et idyllique que j’avais envie de voir depuis longtemps, frustré de ne l’avoir jamais contemplée que dans des magazines ou à la télé. Ru ayant des exams, nous retournons à Jakarta pour quelques jours avant d’embarquer sur un bateau destination les îles à 2h de voyage de là. Nous nous retrouvons sur une petite île nommée Pramuka, île ou les 300 habitants vivent au autarcie quasi-totale, vivant de leur pêche qu’ils expédient quotidiennement sur Jakarta; Le retour des pêcheurs au coucher du soleil est un moment assez sympa ou l’ensemble des villageois viennent contempler le bilan de la journée.
Ici encore, je n’échapperai pas au traditionnel « hello mister », un tantinet gonflant à la longue, mais comme c’est dit avec le sourire… difficile de râler.
Bref, ces 3 jours sur une île au confort rudimentaire furent des plus sympas, tant pour la détente (on tourne vite en rond) que pour le snorekling (admirer les poissons équipé d’un masque, d’un tuba et de palmes).

L’Indonésie étant mon dernier pays avant de poursuivre ma route vers l’Amérique latine, j’entends bien profiter de mes 2 derniers jours, ce qui sera chose faite en allant sur Bandung admirer un autre très beau volcan dont le cratère est rempli d’eau et de souffre, volcan non dangereux.

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Ainsi s’achève mon aventure asiatique, sur l’une des plus belles pages de mon tour du monde. Cette Indonésie j’y retournerai, ne serait-ce pour visiter ces gens que j’ai adoré et particulièrement Ru qui a fait des ces quelques jours un souvenir impérissable, de part ses idées, sa bonne humeur et tout ce qu’elle m’a fait découvrir de son pays.
J’ai une fois de plus eu la chance d’être entouré de personnes au cœur gros comme ça, aux idéos magnifiques et d’une gentillesse extrême. J’en ai retiré beaucoup à titre personnel et j’attends bien sûr avec impatience qu’un volcan pète en France pour mettre tout ça en pratique :).

A bientôt pour … le Paraguay, à quelques dizaines de milliers de kilomètres de là !

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23/11/2010

Singapour: la ville des interdits

Singapour: la ville des interdits

Me concernant, Singapour était avant tout le lieu d’un défi un brin stupide mais surtout tout à fait personnel. Soit dit en passant: mission accomplie. Par ailleurs, j’étais curieux de connaître cette ville, connue comme étant la vitrine du succès capitaliste en Asie du Sud-est, la Mecque du shopping également. Et ma foi, c’est vrai que ça dénote du reste du continent.

Pour cet article sur Singapour, je vais faire court. Ca rime et surtout ça ne mérite pas plus des 3 jours que j’ai passé ici.
Arrivé à 1h du matin depuis Bangkok, je décide de passer la nuit à l’aéroport pour économiser une nuit d’auberge de jeunesse et pour vérifier si cette réputation de meilleur aéroport du monde est justifiée. Je ne connais pas tous les aéroports du monde, mais celui là déchire: wifi gratuit, chambres de repos pour voyageur harassé en transit, piscine, jacuzzi… pas mal :).

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Commençons par le défi personnel : depuis bien longtemps figurait sur ma liste de vie la mention suivante : « manger du chewing-gum à Singapour ». Pourquoi une telle idée ? Tout simplement parce qu’à l’époque j’avais trouvé risible le fait que le chewing-gum soit interdit à l’importation, à la vente et à la consommation sous peine d‘une amende de 1000 US$. La récidive est à 2000 US$, avis aux amateurs.

Je m’étais alors imaginé en dangereux hors la loi, en délinquant de la gomme à mâcher, en dealer de malabars. Ayant pris soin d’acheter plusieurs tablettes de chewing-gum à Bangkok réparties un peu partout dans mon sac, j’accomplis l’acte sacrilège sitôt arrivé: je m’enfourne l’une des tablettes et prends une photo d’un autre paquet, avec « Welcome to Singapour » en second plan. Je fais le malin maintenant, mais j’ai tout de même été victime d’une « sudite aigüe» en me retournant après avoir pris le précieux cliché, pour constater la présence de 3 policiers, qui m’ont certes vus prendre la photo du panneau, mais pas avec les chewing-gum en premier plan. 🙂 Quelle vie risquée je mène hein ? Et oui, la vie de criminel…

Ceci dit, à Singapour on ne déconne pas avec les lois. Le risque d’amende pour l’import/la possession/la consommation de chewing-gum existe bel et bien. Juste pour la petite histoire, l’interdiction date d’il y a 20 ans, lorsqu’un indésirable bout de gomme à mâcher malencontreusement collé, avait bloqué l’ouverture des portes du métro, provoquant un énorme bordel.

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Comme l’indique le titre de l’article, Singapour est la ville des interdits: partout des panneaux « faire-ci », « faire-ça », « ne pas faire-ci sinon amende » etc… couplez ça au fait que les règles sont strictes, que le mot « laxiste » ne fait pas partie du vocabulaire local et vous obtenez la parfaite société aseptisée.
Au passage, ceci n’est pas sans me rappeler le métro de Taïwan ou je m’étais fait réprimander par un garde: « il est interdit de mâcher du chewing-gum», suivi d’un « il est interdit de boire sur le quai », ce à quoi j’avais demandé si il était permis de péter.

Dès lors, à chacun de se faire une opinion: la vie ici est pleine de shopping, tout est ultra-propre, la criminalité inexistante, tout le monde est bilingue, le niveau de vie est plutôt aisé, peu de pauvreté. Mais si vous voulez mon avis: on doit royalement se faire chier ici à court terme.

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Une fois que vous avez visité la Marina, le quartier chinois, le quartier indien dans lequel j’étais logé, quelques grands shoppings, vu 2 ou 3 tours et bien… vous avez tout vu. Il reste, c’est vrai, une île que je n’ai pas pris le temps de visiter, mais tout de même. Non franchement, pas plus de 3 jours. Vous me pardonnerez j’espère le manque de photos pour cet article, mais dire que je n’étais pas vraiment inspiré serait un doux euphémisme. Ce qui m’a le plus impressionné je crois, ce sont tous ces « chinois-look-like » qui parlent un anglais parfait, ça choque vraiment après quelques mois passés en Asie.

Pour conclure, même si j’ai moyennement apprécié Singapour, je suis bien content d’y être passé; mais je suis plutôt pressé de retrouver un peu de bordel ambiant. Deux solutions s’offrent à moi: les Philippines ou l’Indonésie. J’hésite depuis longtemps, mais finalement l’actualité décidera pour moi avec l’éruption du volcan Mérapi en Indonésie. Direction l’Indonésie, où là, je vous promets de belles photos hors des sentiers battus!

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29/10/2010

Myanmar (Birmanie): sourires, moines et dictature

Myanmar (Birmanie): sourires, moines et dictature

Pays beau à en pleurer, situation humaine triste à en crever.
La Birmanie, renommée Myanmar (= le « pays merveilleux ») par la junte militaire au pouvoir, est un pays à la beauté exceptionnelle, où paysages magnifiques et gens souriants se succèdent le long de votre route. Tous les gros baroudeurs rencontrés lors de mes aventures m’avaient décrit ce pays comme étant le plus beau du monde. Il ont probablement raison.

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Quelques mots avant de débuter :
– la Birmanie est une dictature militaire depuis 1962.
– Le travail forcé est toujours monnaie courante.
– 1 enfant sur 4 seulement termine l’école primaire.
– Le flux touristique est volontairement limité à 200 000 étrangers par an (soit environ 425 fois moins qu’en France!)
– Des zones militarisées sont toujours interdites d’accès aux touristes.
– 50% du PNB annuel est destiné au budget de l’armée.
– La production et l’exportation d’opium rapporte d’avantage de devises que toutes les autres exportations réunies.
– Pas de paiement par carte bleue dans ce pays, pas de distributeurs de billets, aucune devise étrangère acceptée sauf les dollars, si les billets sont neufs.

Aller en Birmanie, c’est donc tout d’abord une question à se poser: est-ce que je souhaite faire partie de ces 200 000 touristes, dont les dollars vont bien souvent dans la poche de la dictature militaire ?
La question est légitime et beaucoup évitent la Birmanie pour cette raison. Ma conviction est que si vous y allez en tant que voyageur indépendant, vous pouvez refiler vos US$ directement aux locaux sans problème, et ainsi ne pas « trop » participer à la promotion de la dictature. En revanche, y aller en voyage organisé, c’est à mes yeux non seulement égoïste mais quelque part criminel, tout ou presque allant dans les caisses des militaires.

Je ne vais pas vous décrire pas à pas notre itinéraire birman avec Olivier, vous le trouverez si cela vous intéresse dans les photos. Non, j’ai bien trop envie de vous parler de mon opinion générale, de la beauté de ces gens, sublimes de gentillesse et de sincérité.

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Je commence à en avoir visité des contrées, mais je n’avais jamais ni vu, ni conçu qu’une population entière puisse être si avenante, alors qu’elle vit dans la misère. Que de sourires sur ces visages, interloqués de vous voir passer devant eux, vous qui avez cette peau (et des yeux?) si clairs, une tête de plus qu’eux, vous et vos semblables qu’ils ne voient éventuellement qu’à la TV ! L’occasion pour eux de sortir le seul mot étranger de leur connaissance en vous gratifiant de leur plus beau sourire: « hello! ».

Non, vraiment, ces gens sont en tout point remarquables. Ce pays est absolument sûr d’un point de vue sécurité, et aller se perdre dans de petites ruelles c’est s’exposer aux risques des sourires seulement. Ces gens sont heureux de voir quelqu’un venant de l’extérieur, c’est si rare! Si la barrière de la langue n’existait pas, ils viendraient tous vous parler, soyez-en sûr. Le plus dur en Birmanie, c’est de répondre chaque jour et tout au long de la journée, aux sourires de ces gens qui vous saluent sans cesse.
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Je n’aime pas les taxis, dans aucun pays du monde pour le fait qu’ils cherchent bien souvent à vous arnaquer en rallongeant le prix de la course. Sauf en Birmanie: ici le prix est négociable mais peu, car honnête à la base.
Les transports: nous avons pas mal utilisé ces taxis, où vous êtes assis à l’arrière de manière fort inconfortable, les cheveux au vent. Tellement drôle! Par manque de temps et pour en voir le plus possible, nous avons également pris l’avion, un peu à regret, quoique. Je n’avais encore jamais vu un aéroport de taille respectable dont le parking était entièrement vide (forcément, seuls les touristes viennent en voiture….hors la locations de véhicules motorisés est interdite aux touristes et on ne peut pas entre en Birmanie en voiture. Ça évite d’avoir des étrangers qui viennent mettre le nez là où il ne faut pas).
Mais une grande expérience aura été le train birman! Absolument pourri 🙂  Très drôle ! Le voyage initial était de 12h entre Rangoon et Mandalay, le train arrivera finalement avec 5h de retard (normal pour tous ici) et durera 19h. L’occasion de traverser les campagnes, de contempler sobrement la misère, de voir ces « places fortes » faites de bambous et entourées par des miradors où trônent des militaires armés.
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Si l’on me demandait de décrire la Birmanie en 3 mots je dirais: sourires, moines et temples. Parlons des 2 derniers: il y en a partout, c’est dingue !!! 🙂
Si les temples ou les monastères vous ennuient, ne mettez pas les pieds ici, ils abondent ou que se porte votre regard. Tout l’amour que la population n’a pas pour ses dirigeants elle le reporte sur ses moines, adulés et respectés. Nous en rencontrerons plusieurs avec Olivier, car les plus éduqués parlent un peu anglais en général. L’un d’eux (dont l’on se demandera toujours s’il s’agissait d’un vrai moine ou d’un policier déguisé en moine, pratique courante) passera une heure avec nous à la pagode Shwedagon à Yangon, centre du bouddhisme sud-asiatique. Des divers moines rencontrés, celui qui m’aura le plus marqué, est celui rencontré à Bagan: nous voyant passer devant son monastère, il nous invite spontanément et timidement à le visiter, nous ouvre les portes de son chez-lui. Sa chambre est sommaire, placardée de photos et de posters, tous relatifs à la nature; il n’a pourtant visité aucun de ces endroits, vivant reclus ici.
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Je peux vous assurer qu’être en compagnie d’un moine tel que lui est vraiment impressionnant. Une aura se dégage de ce genre de bonhomme, sa simplicité et sa sérénité ne peuvent que vous marquer. Personnellement, je l’ai mise en veilleuse!
Fait marrant: au moment de partir, nous lui demandons où se situe un restaurant à proximité de là, il nous répond timidement qu’il n’en sait rien, il ne sort du monastère que pour les grands évènements.

Nous avons tout de même abrégé de 2 jours notre séjour là-bas suite à une petite intoxication alimentaire tous les deux, rien de bien méchant, c’était juste pour se purger ça ne nous a pas empêché de faire 50kms de vélos pourris sur des routes non moins défoncées :).

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S’il est des pays qui restent en mémoire lors d’une vie de voyage, celui-ci en fait partie. Vous l’aurez compris j’espère, sa singularité, son cadre de vie et sa population vous prennent aux tripes. Venez le constater de vos propres yeux, mais par pitié, venez-y sans tour organisé et sans a priori.
Malgré les élections à venir, rien ne changera, il n’y a aucun espoir d’une vie meilleure pour ces gens dans un futur proche. Triste réalité, triste conclusion.