Déc 14

Indonésie: sur les routes du Mérapi

par dans en Asie, Indonesie

A l’origine mon cœur penchait plutôt pour un baroude vers les Philippines, mais les caprices de Dame Nature et la hasard de l’actualité en ont décidé autrement avec l’éruption du volcan Mérapi en Indonésie, l’un des plus actifs et des plus meurtriers du monde.

En découvrant ce drame à la lecture de journaux sur internet, j’ai ressenti l’envie de mettre mon égoïsme de « tour du mondiste » de côté, couplé au besoin d’aller prêter main forte à des gens qui en avaient peut-être besoin. Rapide prise de contact sur Couchsurfing pour découvrir comment/où/quand je peux être utile, j’achète mon billet et hop, j’arrive à Jakarta, capitale de l’Indonésie.

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Jakarta: mégalopole de près de 10 millions d’habitants, délaissée (à juste titre?) par les touristes car possédant une réputation sulfureuse de violence et peu de choses à voir. Jakarta est surtout une ville de transit pour des touristes pressés d’aller se dorer la pilule à Bali. Le plus impressionnant ici: les embouteillages monstrueux, à tout heure du jour et de la nuit. Ajoutez à ça qu’il n’existe pas de transports en commun (sauf un réseau de bus miteux) et vous avez…. un beau bordel. Et une pollution hors norme.

C’est Ru qui m’accueillera à l’aéroport, cette génialissime demoiselle rencontrée sur CS sera mon équipière de voyage pendant près de 3 semaines, mais ça je ne le sais pas encore. A l’origine, nous avions seulement prévu de récolter du matériel sur Jakarta puis de les porter dans un camps de réfugié près du volcan.

Je vous passe le reste des détails sur Jakarta ou je resterai une semaine environ avec Ru, collectant de ci de là des masques pour se protéger des retombées volcaniques, du sucre, des produits hygiéniques pour ces dames, des médicaments etc…
Ce qui m’a tout de même étonné, c’est qu’ici aussi les gens me dévisagent. C’est quand même incroyable de se dire qu’à Bali les occidentaux affluent, à Jakarta, que dalle. Certes Bali n’est plus l’île de Java mais c’est pourtant encore le même pays. Je prends alors conscience de l’immensité de ce pays de 290 millions d’habitants et me dit qu’une fois de plus je ne ferai que survoler un pays énorme comptant pas moins de 18000 îles (dont 6000 habitées), de multiples peuplades avec autant de dialectes et de traditions.

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Départ de Jakarta avec Ru, 12h de train + bus plus tard, arrivée à Boyolali où se situe l’avant-poste depuis lequel nous distribuerons la nourriture, nous sommes à environ 16 kms du cratère. Là encore, aucun occidental ne vient ici en tant normal et encore moins actuellement; les autres volontaires de l’association me regardent donc d’un regard curieux, puis bienveillant et enfin malicieux. Une fois la gène mutuelle passée nous tentons de communiquer, le problème étant de savoir qui parle quoi: javanais, indonésien ou anglais pour certains jeunes. Heureusement Ru est là, elle m’aura été d’une aide infinie pour traduire et m’expliquer car avec elle, aucun problème de communication! 🙂

Les questions sont les mêmes qu’habituellement (pourquoi tu voyages? Tu es marié? Tu es riche pour voyager si longtemps? Quelle est ta religion?) mais certaines questions m’intéressent plus particulièrement « nous sommes tous musulmans ici tu sais, mais en France vous croyez que nous sommes des terroristes, n’est-ce-pas ? ». Petit rappel, si l’Islam est très largement dominant en Indonésie, le fait qu’ils soient modérés voire très modérés leur a également valu d’être la cible d’attentats meurtriers. Nous sommes donc dans le même panier, idée que je me charge en tout cas de véhiculer.

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Notre imaginaire collectif aurait tendance à se représenter l’éruption d’un volcan comme des coulées de lave dégoulinantes et projetées dans les airs. Mais le Mérapi est un volcan dit « gris», à l’origine de fumées toxiques et de cendres projetées à tout vent. Les alentours du Mérapi, c’est la vision d‘un monde post-apocalyptique ou tout n‘est que gris et poussière. Ayant déjà une centaine de morts à son actif avant mon arrivée, le volcan a transformé les populations locales des 15 kms l’avoisinant en réfugiés, environ 3000 dans le secteur ou je suis allé. Toutefois, même si le Mérapi continuait à cracher ses entrailles, la situation d’urgence extrême était passé lorsque j‘ai mis les pieds là bas, les familles vivant le plus loin du cratère commençaient à rentrer au bercail. Et tant mieux, le but n’était pas de jouer le héros.

Les volontaires sont jeunes pour la plupart et j’admire profondément l’organisation dont-ils font preuve, leur maturité et leur intelligence à gérer ces évènements. Pas d’aide gouvernementale, la nourriture vient directement des fermes avoisinantes, les fonds et autre donations de la solidarité environnante.
Le local de l’association qui nous accueille est une pièce d’environ 60m², nous mangeons et dormons sur des paillasses à même le sol. J’ai parfois l’impression que les réfugiés, c’est nous! Le confort est sommaire mais on s’en fout, la bonne ambiance compense très largement.
J’ai particulièrement aimé aller à la rencontre de ces familles et porter ces ballots de biens de première nécessité, mais j’ai surtout compris (enfin, on me l’a fait remarquer à plusieurs reprises) à quel point les gens étaient heureux de voir qu’un étranger, quel qu’il soit, se préoccupe d’eux. Le fait de ne pas se sentir oubliés du reste du monde leur faisait chaud au cœur, je n’avais pas pris conscience de cette dimension psychologique. Au final mon aide a été plus morale que physique, à grand coup de sourires et de photos.
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Pour clore le chapitre du volcan, j’ai carrément adoré notre escapade en moto, à 500m du cratère, un jour de « calme » . C’est là que j’ai pu contempler ce monde gris; je vous invite à regarder les photos pour en avoir un aperçu.

J’ai quitté Boyolali et ses volontaires à regret, plutôt ému. Une fois de plus, ces gens m’ont apporté bien plus que ce que je n’ai pu leur offrir en retour. Une gentillesse hors norme, une innocence qui nous fait parfois défaut, l’un des moments fort de mon voyage à n’en pas douter, l’un de ceux que je n’oublierai jamais.

Nous partons avec Ru dans l’idée de visiter un peu les alentours. Notre duo de choc (un blanc + une fille) est probablement la meilleure combinaison possible pour voyager en auto-stop, ce qui se vérifie immédiatement. L’auto-stop n’est pas vraiment dans les mœurs indonésiennes, mais nous irons loin et vite! J’aime ce pays. Les paysages y sont enchanteurs, je suis notamment subjugué par ces rizières en terrasses multi-centenaires: c’est tout simplement magnifique, difficile de s’arracher de leur contemplation, le vert y est si beau…

Petite anecdote révélatrice de la gentillesse locale: notre second jour d’auto-stop, nous cherchons à rejoindre Solo, ville de départ de notre train en partance pour Jakarta. Ru tend négligemment le pouce et hop, la première voiture s’arrête. Il s’agit d’un charmant couple vivant à Solo. Ca tombe bien. Franche rigolade dans la voiture même si je ne comprends pas tout. Au final, non seulement ces gens nous conduiront à bon port, mais nous offrirons également de prendre une douche ainsi qu’un repas chez eux, puis au … karaoké! D’un côté je trouve ça formidable d’en arriver là alors que nous faisions simplement du stop, d’un autre côté ce fut la pire expérience de mon voyage, mon niveau de chant pouvant être qualifié de pitoyable voire d’horrible. J’ai eu très très honte :).
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Mais l’Indonésie, c’est aussi le pays par excellence de cette eau turquoise et idyllique que j’avais envie de voir depuis longtemps, frustré de ne l’avoir jamais contemplée que dans des magazines ou à la télé. Ru ayant des exams, nous retournons à Jakarta pour quelques jours avant d’embarquer sur un bateau destination les îles à 2h de voyage de là. Nous nous retrouvons sur une petite île nommée Pramuka, île ou les 300 habitants vivent au autarcie quasi-totale, vivant de leur pêche qu’ils expédient quotidiennement sur Jakarta; Le retour des pêcheurs au coucher du soleil est un moment assez sympa ou l’ensemble des villageois viennent contempler le bilan de la journée.
Ici encore, je n’échapperai pas au traditionnel « hello mister », un tantinet gonflant à la longue, mais comme c’est dit avec le sourire… difficile de râler.
Bref, ces 3 jours sur une île au confort rudimentaire furent des plus sympas, tant pour la détente (on tourne vite en rond) que pour le snorekling (admirer les poissons équipé d’un masque, d’un tuba et de palmes).

L’Indonésie étant mon dernier pays avant de poursuivre ma route vers l’Amérique latine, j’entends bien profiter de mes 2 derniers jours, ce qui sera chose faite en allant sur Bandung admirer un autre très beau volcan dont le cratère est rempli d’eau et de souffre, volcan non dangereux.

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Ainsi s’achève mon aventure asiatique, sur l’une des plus belles pages de mon tour du monde. Cette Indonésie j’y retournerai, ne serait-ce pour visiter ces gens que j’ai adoré et particulièrement Ru qui a fait des ces quelques jours un souvenir impérissable, de part ses idées, sa bonne humeur et tout ce qu’elle m’a fait découvrir de son pays.
J’ai une fois de plus eu la chance d’être entouré de personnes au cœur gros comme ça, aux idéos magnifiques et d’une gentillesse extrême. J’en ai retiré beaucoup à titre personnel et j’attends bien sûr avec impatience qu’un volcan pète en France pour mettre tout ça en pratique :).

A bientôt pour … le Paraguay, à quelques dizaines de milliers de kilomètres de là !

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14 Réponses pour “Indonésie: sur les routes du Mérapi”

  1. From pirotte jp:

    SALUT MON NEVEUX, QUE DIRE!JE RESTE MUET D’ADMIRATION,JE NE VEUX PAS ROMPRE LE SILENCE DE MA LECTURE DE PEUR DE ROMPRE LE CHARME DANS LEQUEL ME PLONGE TON RECIT.
    MERCI MATHIEU, BONNE CONTINUADE, LA BISE A LA FAMILLE POUR NOEL
    JPP

    Posted on 15/12/2010 à 9 h 04 min #
    • From Mathieu:

      Salut tonton !!
      Merci pour ton message au moins aussi charmant que mon récit !
      Je t’embrasse, fais de même pour toi et la famille en cette période de fête. Je crois que le Noël en famille (la grande famille) me manquera un peu tout de même !
      Bises

      Posted on 17/12/2010 à 4 h 04 min #
  2. From Tom:

    C’est ton article le mieux écrit aussi 🙂

    Une bien belle aventure, si c’est pas un beau gosse ça !

    A bientôt pour la tonte des lamas sur une pirogue 😉

    Posted on 15/12/2010 à 10 h 23 min #
    • From Mathieu:

      Bon, j’essayerai d’écrire encore mieux le prochain, mais je dois être au max de mes compétences là 🙂
      La tonte des lamas en pirogue … Mouahahahahaah 🙂 en voilà une attraction qu’elle doit attirer du monde =)

      Posted on 17/12/2010 à 4 h 01 min #
  3. From cagró:

    salut bordel! j’ai aimé ton article. je voyage demain, ahhhhhhhhhhhhhh!!! je t’attends en casa. 🙂
    bisous bisous bisous

    Posted on 15/12/2010 à 13 h 13 min #
    • From Mathieu:

      Carooooooooooooooooooo !!!
      Là tu dois être dans l’avion…bon retour au pays linda !!!!! 🙂 🙂 🙂
      Che
      tengo mis pasajes 😉 Llegare en BS AS el 29, EZE en la tarde, no me acuerdo la hora precisamente 🙂 Pero ouiiiiiiiiii, je suis sûr de venir là !!!! iiiiii on se voit bientôt 🙂
      Bises !!!!!!

      Posted on 17/12/2010 à 4 h 00 min #
  4. From Doudou:

    Tout simplement merci, j’aurai presque voulu être toi pendant ces 3 semaines (enfin toi… je veux dire en mieux quand même) ! Je suis limite jaloux de ce que tu as vécu là-bas, mais en tout cas je suis bien heureux de ce que tu es en train de vivre !

    Bonnes fêtes de fin d’année et continues comme ça !

    Posted on 15/12/2010 à 16 h 28 min #
    • From Mathieu:

      Doudouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu !!!

      Tu as l’âme d’un backpacker !!! Si ça te chante et que tu en as l’occasion, viens en Indonésie, je te filerai tous mes contacts et tu verras qu’il est vraiment facile de vivre une multitude d’aventures similaires ici 🙂
      Je te souhaite en tout cas de très bonnes/chaudes aventures dans le froid polaire français 🙂
      Bonne bataille de neige,
      Bonnes fêtes, et je compte bien te voir à mon retour en France l’ami !

      Posted on 17/12/2010 à 3 h 58 min #
  5. From laporte-galaa paul:

    Salut mon neveu!…bon flair qui t’a mené vers le mérapi…tes photos et
    Commentaires,quoi de plus excellent?(épargne tes chevilles,pas gonflées)… tu as eu d’excellents contacts avec les authoctones,j’adore te voir avec les gosses qui t’apportent leurs joies …questionné sur la religion?…nous devons accepter chaque religion qui doit respecter la laicité et nos valeurs républicaines…garde surtout tous les écrits et photos…bon changement de continent!!!retrouve les tiens heureux de leur noel…mamy hier nous a parlé de toi!…bon courage et tous nos bisous!……PS…comment puis-je conserver ton tour du monde?????

    Posted on 15/12/2010 à 23 h 16 min #
    • From Mathieu:

      Salut mon oncle !!! 🙂

      Merci pour les chevilles, j’essaye de les préserver, promis :p
      J’attends la famille dans exactement…..6h ici !! (un peu plus le temps qu’ils perdent leur bagage et tout ça, hé oui, c’est l’Amérique Latine! 😉 ).
      Tu veux garder mon tour du monde? Et bien à mon retour, j’imprimerai tout ça dans un bouquin pour mon souvenir, et en ta qualité de fan numéro 1, je t’en offrirai un exemplaire! 🙂

      Bises et bonnes fêtes à toute la famille !

      Posted on 17/12/2010 à 3 h 47 min #
  6. From Lalaina:

    Bravo et merci!
    Tu vis et partage vraiment des choses passionnantes dans ce voyage!
    La lecture de cette article m’assure que je ne vais pas rester longtemps dans le quotidien Parisien où je suis revenu.
    Dis-moi, penses-tu qu’il est possible de vivre aussi librement et simplement que tu le fais actuellement, à long terme?
    Bonne suite!

    Posted on 16/12/2010 à 0 h 46 min #
    • From Mathieu:

      Salut Mister Lalalala !

      Oui, je suis vraiment content de mon trip et de la façon dont je vis au quotidien. Content que mon article te conforte dans ton envie de bouger de Paris….même si je te connais assez pour savoir que tu n’as pas besoin de ça 😉
      Non, je ne pense pas qu’il soit possible de vivre aussi librement à long terme ou du moins pas de la même façon: en imaginant que tu aies un revenu régulier qui te permette de le faire, je pense qu’il faudrait VIVRE et s’établir de façon plus pérenne dans certaines villes/pays. Mais bouger toutes les 2/3 semaines, sur le long terme: je crois que ça fatiguerai 🙂

      Posted on 17/12/2010 à 3 h 38 min #
  7. From Anonym:

    vous me devez encore de la crème glacée 😛

    Posted on 17/12/2010 à 0 h 39 min #
    • From Mathieu:

      Après 3 semaines ensemble, tu peux me tutoyer 😉

      Posted on 17/12/2010 à 3 h 35 min #

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