Mar 09

Chili: histoires d’auto-stoppeurs

par dans Chili, en Amerique Latine

Ce qui vous coûte les yeux de la tête lors d’un tour du monde, ce sont en premier lieu les transports, suivis d’assez loin par l’hébergement. Or après bientôt un an de vagabondage, votre compte bancaire a une furieuse tendance à virer au rouge. L’heure est donc à l’économie. Malheureusement, le Chili est le pays le plus cher d’Amérique latine, et pour remédier à ces inconvénients et voyager pas cher c’est simple: auto-stop et couchsurfing.
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Nous (Hélène et moi) traverserons la frontière en bus avec comme objectif Puerto-Montt, ville côtière et première étape de notre balade chilienne. Ayant pris soin au préalable de faire une demande d’hébergement sur couchsurfing, c’est Abel, chilien de 62 ans, qui nous répond positivement et nous ouvre les portes de sa maison. L’idée initiale était de passer une nuit chez lui, puis de louer une voiture à embarquer sur un ferry pour visiter l’île de Chiloé.
C’était sans connaître l’ami Abel. Entre nous trois, le courant passe immédiatement, nous sommes aussi à l’aise chez lui que dans nos discussions. Lors du diner, alors que nous faisons étal de nos plans de voyage, Abel avoue évasivement que l’un de ces jours, lui aussi a bien envie d’aller re-visiter cette chouette île sur laquelle il n’a pas mis les pieds depuis des lustres. Il ne m’en fallait pas plus pour lui lancer un «bah, pourquoi tu viens pas avec nous? », proposition saisie au vol et immédiatement acceptée, avec un enthousiasme non modéré qui fait vraiment plaisir à voir.

Abel est absolument ravi de sortir de son train-train quotidien et l’idée de partager l’aventure avec nous l’enchante. Et c’est réciproque. Le deal est le suivant: nous partons avec sa voiture (nous évitant ainsi le coût de la location), il conduit, nous payons l’essence et le prix du transfert en ferry. Tout le monde est gagnant.
A peine l’idée adoptée d’un commun accord, les idées fusent et notre ami part farfouiller les quatre coins de sa maison pour sortir son matériel de pêche et préparer son canoë.
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Le lendemain matin, nous sommes sur la route, le canoë solidement attaché sur le toit de Tuco-tuco (le surnom de sa voiture). C’est parti pour 2 jours de folie et de découvertes, la vie est belle sur notre île, le temps est pourri mais nous en profitons à fond quand même. On rigole beaucoup et je suis content de voir Abel heureux, il découvre la joie des auberges de jeunesses avec nous: 62 ans certes, mais un esprit aussi jeune que le notre, couplé à une mentalité d’aventurier.
Entre nos visites, 2 évènements qui sortent du lot pour moi:  celui ou trois sexagénaires chiliens s’amuseront a desserrer les attaches de notre canoe pendant notre pause casse-croute. Resultat: un canoe qui passe par-dessus le pare-brise au demarrage et des presumes coupables qui se bidonnent. Conclusion: les sexagénaires chiliens ont le sens de l’humour.
Le second évènement: notre sortie canoë avec Hélène; Abel est content de nous voir faire honneur à son embarcation (monoplace), et nous ne boudons pas non plus notre plaisir, sur un bras de rivière qui rejoint le Pacifique un peu plus loin de là. La sensation est géniale, c’est calme, c’est beau, nous prions juste pour ne pas tomber à la baille, car c’est également glacé :).

La suite de notre aventure: environ 1000 kms en auto-stop en direction du nord. C’est agréable, simple, économique et sûr. Le Chili possède sur toute sa longueur une autoroute sur laquelle il est possible de faire du stop sans problème. Je ne sais pas si c’est la gentillesse des chiliens, le fait que nous soyons étrangers ou le fait que je sois accompagné d’une blonde, mais nous n’avons jamais attendu plus de 20 minutes au bord de la route, la moyenne se situant plutôt autour de 5 à 6 minutes d’attente. Nous avons même été pris 2 fois avant de commencer à tendre le doigt.

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Nous avançons avec comme objectif quotidien d’atteindre telle ou telle ville. L’objectif à toujours été atteint, en partant entre 10h et 13h….pas vraiment matinaux les Clouté! 🙂
Notre première ville-étape: Pucon, à environ 400 kms de notre point de départ. Pour l’anecdote, nous sommes allés plus vite en auto-stop que le bus direct. Ce sont habituellement des camionneurs qui nous prennent en charge, mais le dernier transport de la journée aura été mythique: un pick-up déjà rempli d’une famille nombreuse. Ils nous disent « OK montez à l’arrière du véhicule mais cachez-vous, il ne faut pas que les carabiniers vous voient ». Quel fou rire…. nous voilà couchés sur le dos à l’arrière du pick-up, à contempler le ciel et les cimes d’arbres, trimballés comme des sac de patates, en imaginant ce qu’il peut bien se passer sur le côté. Moment hilarant. 60kms.

Arrivés à destination, nous réservons rapidement un trip pour le lendemain matin: la montée du volcan Villarica, volcan toujours actif, d’où l’intérêt. La première partie de la montée est sympa mais difficile. Surprise: aucun des touristes sur place ne la fait à pied, préférant prendre un téléphérique puis se farcir la seconde partie. Seul deux brésiliennes (qui n’arriveront pas au sommet) et nous tentons l’aventure depuis le bas. La montée est physiquement exigeante mais de notre point de vue, le sommet d’un volcan: ça se mérite. Nous rattraperons le groupe ayant pris le téléphérique (à croire que les voyages au long terme conservent la forme physique 🙂 ) juste avant le sommet, ou nous nous étouffons un peu avec les vapeur de souffre; il est parfois dur dur de respirer et les yeux piquent. Mais la vue au sommet en vaut le coup, c’est assez impressionnant ce cratère qui semble ne pas avoir de fond et qui vous crache son venin au nez.

Deuxième ville-étape: Chillan. La ville n’est pas sur le parcours touristique à juste titre, elle n’a rien d’exceptionnelle si ce n’est sa placidité. J’y aurais bien passé quelques jours supplémentaires à flâner mais le programme est chargé. Toujours en auto-stop départ pour « Pichilemu » le lendemain matin. Pichilemu est un spot connu par les surfeurs: de jolies vagues sur la côte Pacifique, un côté très nature pour un gros village qui s’est au fil du temps transformé en une petite ville. Nous avons adoré notre hébergement en auberge de jeunesse: dans une phare, bercé par le bruit du fracas de vagues de l’autre côté du mur…c’est doux, ça berce, c’est relaxant. Si besoin était de nous relaxer :).

La suite est moins originale: nous décidons de reprendre les bus, histoire de pouvoir voyager plus loin et de nuit vu la taille du pays. Nous atteindrons dans un premier temps Santiago, la capitale, ou nous passerons deux jours.
Santiago est une ville sympa  mais sans le charisme de Buenos Aires à qui elle ressemble pourtant, le bordel en moins. Sa réputation de ville la plus chère d’Amérique du Sud n’est pas usurpée, on est sur des standards de prix européens.

Toujours plus au nord et après 20h de voyage, arrivé à San Pedro de Atacama, joli village qui symbolise en soit l’entrée du Désert d’Atacama, le désert le plus aride au monde: des années qu’il n’a pas plu une seule goutte.
Nous accrochons moyennement sur le côté touristique ce qui ne nous empêchera pas de faire une promenade en vélo en plein cagnard (grave erreur) puis de se faire une excursion direction des salines, pour voir le coucher du soleil. Mais nous restons sur notre faim, tout ça manquant d’authenticité.

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Etant malades, nous décidons de changer de programme et de ne pas nous rendre en Bolivie histoire ne pas bâcler le pays. L’idée est donc de traverser la frontière en bus jusqu’au nord de l’Argentine ou nous passerons quelques jours avant de nous envoler pour la Colombie.
Seulement voilà, plus aucun bus avant 4 jours! Plusieurs touristes sont dans notre cas, dont certains avec des impératifs. Après avoir tout tenté pour trouver un quelconque moyen de transport (impossible de faire du stop en plein désert), nous décidons de nous rendre à Calama, ville à 2h de là, afin d’y prendre un autre bus pour l’Argentine; Rebelote, rien avant des jours et des jours…coincés.
Pour être honnête, ce jour là fut LA journée galère qui en viendrait presque à vous faire détester les voyages. Il y a des jours comme ça ou rien ne va. En désespoir de cause, nous prendrons un vol pas trop cher, pour nous rendre à Iquique, au nord du Chili, étape que nous avions zappé vu la faible accessibilité, mais que nous remettrons finalement au gout du jour à défaut de pouvoir quitter le pays. Et nous ne l’avons pas regretté.

A ce stade, une idée commence à germer lentement mais surement, celle de louer une voiture et de s’enfoncer loin dans le désert, loin de toute habitation avec pour but ultime de s’y faire un barbecue.
Aussitôt dit, aussitôt fait, nous louons un pick-up, achetons des provisions et le désert est à nous. Un moment inoubliable que d’admirer un coucher de soleil en plein désert, un brasier en arrière plan et une bouteille de rouge chilien non-loin de là. Pas facile facile de cuisiner avec le strict minimum, mais nous sommes content du résultat, tout est réussi….jusque là.

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Ayant prévu de dormir dans la voiture, il fait nuit noire depuis un bon moment lorsque nous décidons de reprendre le volant et de nous rapprocher de la frontière bolivienne pour pouvoir admirer les paysages le lendemain matin. C’était sans compter un paramètre dont nous n’avions absolument pas tenu compte: l’altitude.
Nous sommes joyeux, musique à fond, personne sur la route et nous roulons une bonne heure avant que je commence à me sentir … nauséeux :). Raoul, le cri qui dessaoule. Hélène ayant la moquerie facile change assez vite d’humeur, atteinte du même mal. Nous sommes à « l’agonie », nous comprenons seulement maintenant que sans nous en rendre compte, la route est bien montée et que ce nous pensions être du sel était en fait de la neige 🙂 … impossible de dormir dans ces conditions, nous décidons de redescendre en nous relayant pour conduire. Après une bonne descente, nous trouvons enfin le sommeil.

Le lendemain matin: la ville fantôme d’Humberstone, classée à l’UNESCO. Une ancienne ville ouvrière, abandonnée dans les années 60 faute de moyen, faute de concurrence. Hélène a aimé, j’ai adoré: une ambiance de fin du monde, post-apocalyptique, absolument géniale. Cette ville semble tout droit tirée d’un western, une touche décalée en plus, telle que terrain de basket, piscine antique… à ne pas rater si vous passez par là.

Retour à Iquique, une belle ville qui ne laisse pas indifférent par sa position géographique originale: le désert d’un côté, le Pacifique de l’autre. On ne peut s’empêcher de penser au désastre qu’une catastrophe naturelle pourrait engendrer ici, et c’est sur cette visite là que nous partirons finalement pour le nord de l’Argentine. Le Chili nous aura marqué par la diversité de ses paysages mais surtout par la gentillesse de ses gens. Nous sommes d’accord sur ce point avec Hélène: jusque là, ce sont les plus sympathiques et les plus avenants d’Amérique du sud.

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11 Réponses pour “Chili: histoires d’auto-stoppeurs”

  1. From Lalaina:

    Super témoignage, comme toujours!
    Bonne suite 🙂

    Posted on 10/03/2011 à 15 h 36 min #
    • From Mathieu:

      Yo Mr Lalala !

      Attends le prochain, tu vas voir, il vaut son pesant de cacahuète… le plus animé en un an dirais-je 🙂

      Posted on 10/03/2011 à 22 h 17 min #
  2. From Tom:

    Sympa le chili ! Faudra que j’y aille aussi 🙂

    Posted on 10/03/2011 à 16 h 18 min #
    • From Mathieu:

      Tu peux oué, ça mérite 🙂
      T oublieras pas ton appareil photo, je pense qu’il se fera plaisir =)

      Posted on 10/03/2011 à 22 h 18 min #
  3. From Sylvia:

    Pas facile facile d’avoir le net… ou c’est la grosse teuf au Brésil?!? ;-P

    Posted on 10/03/2011 à 21 h 16 min #
    • From Mathieu:

      Non non, l’article était prêt depuis 1 semaine et tout 🙂 juste pas de quoi poster 🙂
      Allez, échangeons une bise brésilienne contre une bise indienne ! 🙂

      Posted on 10/03/2011 à 22 h 16 min #
  4. From Pilou:

    Bon je poste pas à chaque étape, mais c’est pas faute de les lire…

    Merci pour ce témoignage, effectivement ça donne bien envie (même si pour les parties physiques je serais sans doute mort)

    A bientôt 😉

    Posted on 11/03/2011 à 22 h 47 min #
    • From Mathieu:

      Meuh non t’aurais pas été mort !!! A part pour le vélo peut être 🙂 Après pour l’auto-stop, il suffit de changer un peu les règles du jeu: passer de « lever de coude » à « lever de pouce »: t’es habitué du premier, tu ne devrais pas avoir de mal pour le switch, non ? 🙂

      Posted on 12/03/2011 à 20 h 06 min #
  5. From Kamelito:

    alors la, se retrouver à conduire en pleine montagne enneigé et ne pas s’en rendre compte, si ce n’est pas de la conduite en état d’ivresse…

    Posted on 14/03/2011 à 17 h 39 min #
  6. From Lalaina:

    Démasqué par Kamelito, expert en la matière!

    Posted on 22/03/2011 à 11 h 38 min #
    • From Mathieu:

      En auto-stop ou en alcoolisme ? 🙂

      Posted on 23/03/2011 à 22 h 42 min #

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