Bosnie, ou la dure réalité
7h du mat débarquement en Croatie, de retour de mon île, avec la vague idée d’aller au Monténégro. C’était sans compter sans le bus qui s’apprête à partir non loin, et sur lequel est indiqué en majuscule « Mostar » (Bosnie). Je veux !!! Je saute dedans, je n’aurais pas passé plus de 10min à Dubrovnik.
Parenthèse: j’aime beaucoup ma façon de voyager, ne pas savoir de quoi demain sera fait tout en ayant comme objectif d’atteindre une nouvelle destination ne manque pas de piquant et de surprises. Jusqu’au jour ou j’aurais besoin d’un visa. Là, je risque de revoir ces quelques lignes.
A tous ceux qui voudraient voyager dans les Balkans, je dirais d‘ailleurs: surtout, surtout n’achetez pas vos billets à l’avance, ne prenez pas de pass interrail ou autre billet, ça n’en vaut pas la peine. Le train n’est hors de prix qu’en France, il est très bon marché partout ailleurs, tout comme le bus. Restez donc libre de vos mouvements.
Le voyage sera magnifique: le bus sillonne d’innombrables vallées verdoyantes, notre route est bordées de falaises et de montagnes pour le moins escarpées et toutes sensiblement différentes. Mais ce que j’aime le plus, c’est la couleur verte pâle de la rivière que nous longerons une bonne partie du parcours. Cette roule en appelle à la sérénité messieurs dames !
2 nouveaux contrôles douaniers, 2 fois ces aimables fonctionnaires décollent un peu plus ma photo de passeport en me disant « elle est décollée » un brin de suspicion dans le regard, 2 fois j’ai envie de répondre « bah oué connard, vu que toi et tes collègues internationaux semblez vous être passés le mot pour la dégommer… c’est sûr elle va plus durer très longtemps » Naturellement je la ferme bien sagement..
Pensée d’un mec paumé dans un bus:
* Tiens….elle est bizarre cette église là bas… ah mais ouééééééé !! La Bosnie c’est à majorité musulmane, j’avais oublié ! C’est pas une église, c’est une mosquée ! *
Pour être franc, j’ai été choqué au sens premier du terme par les traces apparentes de la guerre. C’est triste, mais c’est l’image que je garderai de la Bosnie. Et pourtant, 15 ans que le conflit est fini, Mostar ayant été la ville la plus détruite. L’argent manque pour reconstruire, les bus ont été donnés par le « peuple japonais » ou des fonds européens, les murs sont toujours criblés d’éclats d’obus ou de balles (j’en ai même trouvé une encore dans un mur) bref…je n’ose imaginer la période de guerre elle-même.
En pondant cet article, j’avais commencé à écrire ce que j’ai appris sur cette guerre, car le sujet m’intéresse et j’en ai souvent parlé avec les gens. Je me suis ravisé et ai tout effacé pour deux raisons, la première étant qu’il me faudrait des pages entières pour m’expliquer, la seconde que ça n’intéresse probablement pas grand monde 🙂 Toutefois si je devais résumer : les balkans restent explosifs et ça se sent quand ils parlent les uns des autres. J’ai eu beaucoup de discussions très instructives avec Miran, le maître des lieux de l’auberge de jeunesse ou j’avais élu domicile. On s’est promenés ensemble, on a bu ensemble, j’ai vu, j’ai écoute, j’ai compris. Il me tarde d’avoir d’autres versions de l’Histoire dans les autres pays balkaniques.
Après quelques jours passés à Mostar, je continue mon voyage en Bosnie pour atteindre Sarajevo. J’ai hâte de voir cette ville si connue et dont j’ai entendu le plus grand bien!!!
Je vais faire court : j’ai très moyennement aimé la ville en elle-même. Les gens oui, vraiment sympas, toujours prêt à se mettre en quatre pour aider. Mais la ville n’a rien d’exceptionnelle. Elle est mieux reconstruite que Mostar c‘est un fait, mais même sa vieille ville n’a plus rien de typique, c’est un espèce de Disneyland ou se vendent tous des gadgets touristiques. D’ailleurs même la brochure de l’office de tourisme, section « à voir » est plutôt maigre.
J’ai par contre adoré le vieux marché à quelques rues parallèles de à ou d’adorables mamies avec leurs châles vendent quelques feuilles de choux, de salades, ou des fleurs, une petite musique des Balkans en fond. Ca c’est sympa !
Sarajevo sera également l’occasion de rencontrer un mexicain et une américaine notamment, installés en Bosnie depuis quelques temps. Le premier, Memo, scénariste, m’emmènera dans un théâtre que je n’aurais jamais pu trouver seul et ou Emir Kusturica notamment s’est illustré. La patronne est finement murgée, nous parle italo-bosniaque et nous offre bien évidemment de l’accompagner, ce qui ne serait se refuser. J’ai adoré le lieu, un théâtre sur reconverti en café, des vieilles tables en bois partout, des instruments de musique ci et là, des bouts de métals qui trainent : bref, comme dans les films ! Je suis fan.
Je ne pouvais pas passer par la Bosnie sans gouter l’alcool local, à savoir le Rakia, un alcool fort avec la saveur de tous les fruits que vous souhaitez, y’en a pour tout les gout. C’est fort et ça fait mal à la tête !!
Faits divers :
– En Bosnie, il n’y a as de Mac Do car les bosniaques sont tellement fiers de leur spécialité culinaire (le cevapici, que l’on retrouve dans tous les balkans j’ai l’impression) que l’enseigne de fast food ne s’est même pas implantée. D’ailleurs, véridique, on trouve à Sarajevo un fast food bosniaque, avec un M jaune comme enseigne et qui s’appelle, pour les anglophones : « Mac Deny ». D’ailleurs, le « menu big mac » est mon indicateur secret: je relève le prix dans tous les pays (mais je ne CONSOMME PAS, Mac do, c’est pas mon truc). Vous verrez grâce à cet indice le coût de la vie, pays par pays. C’est vraiment révélateur, l’indice est bon même si la nourriture ne l’est pas !
– Pour n(v)ous messieurs, un petit jeu dont la règle est on ne peut plus simple.
1- Posez-vous à la terrasse d’un café
2- Commandez un expresso et restez assis à contempler béatement. (rassurez-vous, vous ne serez pas seul à jouer, le taux de chômage étant tellement élevé, en Bosnie passez à 11h le matin devant un café, repassez à 17h et vous observerez les mêmes types, au même endroit, avec le même café).
3- Après avoir reçu commande: observez et cherchez une fille entre 20 et 35 ans qui soit moche.
La règle est la suivante : vous ne pouvez partir du café que lorsque vous aurez trouvé une.
Et bien je vous garanti que vous allez rester assis très très longtemps en terrasse. 🙂
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PS : je n’ai pas pu résister, je vous ai mis 4 photos bonus prises dans mon train reliant Sarajevo à Belgrade 🙂 Ceux qui suivent auront par ailleurs déduits de ma dernière phrase que ma prochaine destination est la Serbie!